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Repos au Camp des Clairs Chênes.
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Rien à signaler, sauf une chute de neige qui se poursuit toute la journée et blanchit le sol. Vers 23 h, nous sommes relevés par le 1er Bataillon. Je dois porter ma chapelle sur mon dos jusqu'aux "Clairs Chênes", sur un parcours de 15 ou 16 km, aussi je suis brisé quand j'arrive vers 4 h. Je dis cependant la Sainte Messe à la petite chapelle du camp.
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Travaux de nettoyage après quelques heures de repos. Le soir à 7 h, prière et chapelet à la chapelle. L'abbé Tersy du 81e a imaginé ces petites réunions qui sont intéressantes et fructueuses, mais c'est un tout petit nombre qui en profite.
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Sainte Messe à 6 h 30. Travaux d'assainissement du camp pendant la journée. Froid rigoureux.
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Rien de spécial à noter. Tir violent dans la soirée. Orage.
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Le 82e monte en tranchées par un temps atroce. Tonnerre et pluie. J'apprends que M. l'abbé Estivals a été sérieusement blessé d'une balle à la cuisse à l'attaque du bois d'Avocourt. Je fais la petite réunion du soir.
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Sainte Messe à 7 h. Quelques communions. Je transmets au commandant l'heure des offices de demain, puis je vais à Jouy prendre un peu de buis pour la cérémonie de demain, j'en trouve suffisamment au cimetière du village. Après-
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Dès 6 h 30, je me rends à la petite chapelle du camp où M. Ressiguier et Lahaye disent leur messe : une vingtaine de poilus se confessent et communient pour accomplir leur devoir pascal.
A 9 h, grand-
L'après-
Lettre de Marius à son frère Ernest.
1 avril 1917
Cher frère,
Je réponds à ton aimable lettre qui m'a causé un très grand plaisir de te savoir en bonne santé, malgré tout le mauvais temps et les ennuis qui ne te manquent pas. Enfin pourvu que ça dure ainsi jusqu'à la fin, tout ira bien, mais hélas, ce n'est jamais bien sûr. Je voudrais bien être philosophe comme toi, ou quelque chose dans ce genre, mais je ne peux pas y arriver. Il faut trop s'humilier et souffrir là-
Ma santé est toujours fort bonne ; on prend de bonnes douches, quel sale temps qu'il fait tout de même ! Je me demande comment vous pouvez résister si longtemps dans les tranchées à toutes les intempéries. Si on s'en sort, on pourra s'en rappeler...
Je suis toujours au même endroit, guère plus avancé que le jour que j’y étais arrivé, puisque c’est toujours la même chose. J’ai quitté l’ambulance à temps ; guère après, elle a été copieusement marmitée. J’ai un copain qui y a été blessé et il y a eu des malades de zigouillés dans la salle. Ils sont à présent dans des abris souterrains et les blessés dans des caves. Enfin, j’y ai coupé pour ce coup-
Je ne t’en dirai guère plus long pour aujourd’hui. C’est les Rameaux, alors au lieu d’aller faire le service de fagots cet après-
Je ne crois guère aller en perme avant de monter en ligne. Elle n’en sera que meilleure. Jusqu’à présent, je n’ai aucune spécialité, je n’y tiens guère, surtout grenadier, c’est crevant pour faire le stage.
Je te souhaite bonne santé, bonne chance et bonne fête de Pâques.
Je t’embrasse tendrement.
Marius
P.S. J’oubliais de te renseigner sur ce que tu me demandais : pourquoi j’étais à la 6e Section. Nous étions, tu comprends, une centaine d’infirmiers en surnombre, alors on nous a mis ces n° -
Lettre de la cousine Rosa à Ernest.
Aubin le 1er avril 1917.
Mon cher Ernest,
Tu dois te dire que je ne veux pas correspondre avec toi, puisque je ne réponds pas à ta lettre.
Ne crois pas cela, au contraire, nous sommes si avides de te lire que nous n’en trouvons jamais assez…
Nous avons eu d’autres nouvelles de toi hier samedi par maman qui avait été coucher chez ta sœur Louise, dont les deux petits lui ont fait une si gentille ovation.
Jeudi ta sœur était à Villefranche pour régler ses affaires, tout s’est très bien passé. On lui a promis une place, pourra-
Ton frère Baptiste est venu nous voir, tout heureux d’avoir repris sa vie de famille. Et vous autres, quand sera-
Cette semaine où j’irai encore plus souvent prier, j’unirai encore plus intimement mes prières aux souffrances que tu endures, pour que dieu te garde et te ramène près de ceux qui pensent constamment à toi. J’ai lu dans les journaux que l’abbé d’Auzits a été grièvement blessé aux jambes
Ma sœur et les enfants t’envoient un bon baiser, ainsi que l’oncle Auguste et Anaïs et Albert.
Ta tante et cousines qui t’embrassent.
Rosa.
Lettre de Eugénie à son frère Ernest.
Toulouse le 1 avril 1917
Mon cher Frère,
…Heureusement que je sais que tu as de nos nouvelles par Tante, comme elle nous en donne des tiennes, sans cela je serais vraiment contrariée d’avoir attendu à ce jour pour répondre à ton aimable lettre.
Ce qui est la cause de tout cela, c’est que depuis quelque temps, il y a grande presse pour le travail de couture et, ma foi, je profite d’en faire tant que je peux – plus que je peux, parfois même – mais c’est si peu rétribué qu’il faut en faire beaucoup pour gagner quelques sous. Juge donc qu’il faut coudre 30 heures pour gagner 5 francs, et cela sans perdre de temps. Je ne me tuerai pas pour cela, le jour où je suis fatiguée, je le laisse, mais on songe que la morte saison arrivera assez tôt, et alors on se repose, car il arrive souvent qu’on manque de toile pour les doublures, ou même de drap, et alors c’est un arrêt pour 7 ou 8 jours. De ce temps je profite pour faire les réparations que j’ai, soit pour les enfants ou pour moi-
J’ai eu de tes nouvelles ..J’espère que Tante en a eu de toi, depuis, car celle-
Hier, j’ai reçu une lettre de Marius…. Il m’a l’air bien découragé sur cette lettre, je crois que cette vie à l’arrière ne lui vaut rien.
…La dernière lettre de Louis était datée du 26 ; il me disait devoir être fixé dans deux ou trois jours au sujet de sa permission. Ce qui fait que j’attends de ses nouvelles, ou peut-
Malgré cela, je te prie bien de ne pas nous oublier dans tes bonnes prières, surtout moi qui n’ai pas toujours trop de patience et de soumission. Nous-
Le lundi de Pâques – si le temps change d’ici lors, car il fait un temps affreux -
Au revoir, mon cher Ernest, je pense souvent aux quelques heures que tu as passées ici, si agréables pour tout le monde, qu’on voudrait bien que ça se renouvelle souvent, mais pas dans les mêmes conditions.
Les fillettes t’envoient mille baisers et moi je t’embrasse bien tendrement.
Eugénie
J’oublie de te dire que M. Valette t’envoie d’abord son meilleur souvenir, et te remercie de penser à lui pour permuter avec toi. Il est tout à fait décidé à te remplacer, les quelques derniers mois de la guerre, comme tu le lui demandes, mais il n’est pas bien fixé sur la fin. Il ne se charge pas de faire les démarches nécessaires. Mais quand tu seras fixé, il est à ton entière disposition. Reste bien entendu qu’il ne permute avec toi que pour les derniers mois de la guerre. Ça le fait rire, mais je crois qu’il se trouve mieux ici qu’à ta place …
Excuse mon bavardage, ce soir je me délasse de coudre en écrivant à tout le monde. Je t’embrasse bien tendrement.
Ta sœur Eugénie.
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Sainte Messe à 7 h 30. Notre brave commandant y fait ses Pâques ainsi qu'une douzaine de poilus.
Préparatifs de départ pour les lignes. Nous partons vers 18 h par un temps assez sec mais le ciel est chargé de nuages. Nous arrivons sans encombre mais la pluie se met à tomber avant d'être arrivés à l'ouvrage de Gers où nous devons rester 7 jours en réserve.
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Sainte Messe à 7 h 30 au P. S. L'abbé Véron séminariste me la sert. Journée très calme. Le soir on se couche vers minuit car nous pouvons être appelés à prêter main forte aux camarades qui sont en ligne. Grâce à Dieu tout est calme.
Lettre de Tante Eugénie à Ernest.
Toulouse le 3 avril 1917
Bien cher Ernest,
J’ai reçu hier ta lettre du 28 mars. Je m’empresse d’y répondre pour te dire tout le plaisir qu’elle m’a fait, car on commençait à être inquiet à ton sujet, n’ayant pas de tes nouvelles depuis quelques jours, et on trouve le temps long ici quand les unes ou les autres ne recevons rien. On craint toujours et pas sans raison, que tes malencontreux voisins te fassent quelque mauvais coup. Aussi les fronts se dérident-
...
Louis (Fournil )espère venir en permission pour les fêtes de Pâques, sa petite famille l’attend avec impatience, cela est juste. On n’a pas encore de nouvelles de ce pauvre François (Ferriol ) et hélas, qui sait si on en aura jamais. Cela est bien triste et j’en suis fort affligée, et les craintes ne sont pas sans fondement d’après ce que tu dis et ce que disent les journaux. Enfin, espérons en la miséricorde de Dieu, et que malgré tout, il le rende à sa famille.
Ta cousine m’a priée de te dire mille choses de sa part. Tant mieux, cher Ernest, que tu aies pu fêter les Rameaux au repos, et je souhaite que tu y passes la fête de Pâques. Mais hélas il faudra bien faire ce que Dieu voudra. Pour que tu la passes moins triste, à quelque endroit que tu te trouves, j’ai pensé te faire un gâteau, que je t’en expédie un demain matin, avec ces quelques mots. J’y joins un crayon, car celui dont tu te sers est blanc, et je ne peux très bien te lire, faute sans doute à mes yeux.
Nous avons ici à peu près le même temps que là où tu es, pluie, neige et froid. Les journées d’hier et aujourd’hui ont été belles, mais il gèle la nuit et ça n’arrange pas la récolte.
Enfin nous voilà à la grande semaine sainte, on se prépare activement à la fête de Pâques, souhaitons qu’elle soit bonne pour toute notre famille.
Adieu cher Ernest, reçois les plus affectueux baisers de ta tante.
Eugénie
P.S. J’enverrai 100 sous à Marius pour qu’il fête un peu Pâques, lui aussi. J’espère que le colis t’arrivera à bon port. Adieu.
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Sainte Messe vers 7 h. Un brave sergent en profite pour faire ses Pâques. Je voudrais que beaucoup suivent son exemple. Dans la journée, je vais rendre visite à l'abbé Rességuier à l'ouvrage Laborderie. Le temps est assez beau. Pas de blessé aujourd'hui. Mes deux camarades accompagnent un peloton de notre compagnie au travail, ce sera notre tour demain soir.
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Sainte Messe à 6 h 30 toujours au P.S. Deux petits séminaristes observateurs qui logent à côté de moi font la Sainte Communion à ma messe : je prie le Bon Maître de conserver l'idéal sacerdotal intact dans leur âme, et de le réaliser d'ici peu dans ces âmes si bien trempées au feu de la guerre. Je prie aussi pour tous mes confrères absents, les vivants et les morts. Je rends action de grâce à Dieu du grand bienfait qu'il m'a accordé de préférence à beaucoup d'autres confrères plus dignes que moi des faveurs du sacerdoce.
La journée est assez belle, l'artillerie assez active, j'accompagne la corvée au travail pendant la nuit : très beau clair de lune, froid assez vif. J'aurais voulu méditer un peu aux grands mystères de ces jours saints, mais je me sens l'âme vide et le sommeil m'accable.
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Rien de spécial à signaler. Naturellement, je ne dis pas la messe, je récite un peu d'office cependant, mais peu de tranquillité.
Nota : pas de messe dans l’église catholique, le "vendredi saint".
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Je dois surtout m'occuper dans cette journée de l'organisation des messes pour demain. Mon capitaine m'invite très aimablement à dire la Sainte Messe chez lui, nous la fixons à 9 h.
A 11 h, j'en dirai une 2 e au centre de la compagnie dans un grand abri de section. M. Dufeu rentré depuis hier au soir assurera le service au bataillon. De nouveau, j'accompagne la corvée au travail jusqu'à 3 h du matin.
Lettre d’Estéveny
Labruguière, samedi saint
Mon bien cher ami,
Je profite d’une petite convalescence pour causer gentiment quelques instants avec toi. Convalescence ! N’aille pas croire que j’aie failli mourir sur les Causses de Castres, victime de mon dévouement à la patrie. J’ai tout simplement pris un léger refroidissement, lequel me vaut depuis trois jours la diète et le repos. Je partage mon temps alternativement entre le lit et le coin du feu. Mais pour l’instant je vais beaucoup mieux, et je compte bien ressortir demain, dimanche de Pâques, et reprendre mes occupations habituelles lundi. Et dire que j’ai failli avoir des vacances à Pâques, quelle rage si j’avais été contraint de les passer au lit !
Notre stage à Labruguière devait finir le 3 : il est prolongé jusqu’au 13. Au fait, peut-
J’ai trouvé ici pas mal d’officiers du 322e que tu as peut-
Je serai de retour à Mende – et j’y resterai quelque temps, à moins que … Adresse-
Tu as bien fait de me donner des nouvelles de Labadie ; il y a bien longtemps que je n’en avais entendu parler. Que fait-
Outre lui, il y a encore un prêtre parmi nous, du 76 e – le père David, bénédictin. Il y a aussi 2 séminaristes : un aspirant du 24e Colonial et un autre que je ne connais pas. On a du reste fort peu d’occasion de se voir : nous travaillons à part et nous ne sommes libres qu’à 7 heures du soir, pour la soupe.
J’espère qu’à l’occasion de Pâques, tes ouailles t’auront donné de grandes satisfactions surnaturelles. Je prie d’ici pour qu’un grand nombre se réconcilient avec Dieu, et pour que leur conversion persévère. Comme ils sont à plaindre les pauvres diables – en si grand nombre hélas – qui côtoient la mort tous les jours, l’âme chargée de souillures. J’aime croire que le bon Dieu est très indulgent et très bon pour tous, surtout pour les pécheurs, et qu’il en trouve aux moments opportuns un grand nombre, en considération de leur faiblesse, de leurs peines, de leurs souffrances, du sacrifice de leur vie.
Je t’embrasse en N.S. Je continue à prier pour toi comme par le passé.
Estéveny.
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A 8 h je me lève, j'entends la confession d'un brave garçon qui veut faire ses Pâques. Assistance assez nombreuse aux deux messes. Mais il y a encore bien des places vides. Les Poilus, couchés à 4 h, ne se lèvent pas aisément quand ils n'y sont pas contraints par le service. Trop hélas ! manquent de bonne volonté. Il est triste de voir combien Dieu est peu honoré en ce grand jour de Pâques.
Mon capitaine veut bien m'inviter à dîner, mais je garde toujours la résolution bien arrêtée de ne faire de cela qu'une rare exception.
Journée très calme au dehors. Dans l'abri peu de tranquillité : aussi je ne puis guère prier et me recueillir. Je vais réciter mon chapelet au clair de lune.
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Sainte Messe vers 8 h 30. Temps déplorable : sombre, pluvieux et froid. Aussi c'est calme et on en profite pour rester dedans. J'accompagne la tournée au travail.
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Rien à noter. Temps toujours aussi mauvais. Offensive anglaise à Arras.
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Activité assez considérable de l'artillerie dans notre secteur : sur la gauche, en Champagne sans doute, on entend un roulement sourd et continuel. L'offensive dans la Somme et le Pas-
Nota : Bataille de la Crête de Vimy ( 9-
Cette crête de sept kilomètres de long, solidement fortifiée, dans le Nord de la France, dominait les lignes alliées. Les Canadiens donneraient l'assaut sur ce qui était considéré comme un véritable cimetière car les précédentes attaques françaises avaient échoué, leur infligeant plus de 100 000 pertes.
Extrait du site du Musée Canadien de la Guerre.
Le soir, je vais au travail avec la corvée. Je fais la rencontre de Rouvier, séminariste de Rodez, caporal au 2 e Génie ; nous causons ensemble pendant au moins une heure. Au retour vers 4 h, je dis la Sainte Messe.
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Rien à noter pour la journée. Le soir à 20 h 30, nous montons à Netter relever la 6e Compagnie. Pas d'incident, ni d'accident, tout est calme. Je m'installe au P.S. avec M. le Major et l'infirmier. Nuit calme.
Lettre du Curé de Testet
Testet ce 13 avril 1917
Cher Monsieur l’Abbé,
Je suis en retard pour répondre à votre lettre du 23 mars, veuillez m’excuser.
Je suis tout heureux de vous annoncer que mon Père est à peu près guéri. Nous avons eu malgré le mauvais temps de belles fêtes le jour de St-
Votre frère aîné a été un des premiers à la Table Sainte, et je le remarque chaque dimanche à la Messe. Prochainement je l’inviterai à venir déjeuner et nous causerons un peu, car je voudrais avoir tantôt en lui un très bon paroissien.
Il sera, à mon humble avis, après la guerre, nécessaire de grouper nos hommes pour conserver avec la vie chrétienne toutes nos œuvres. A cette fin, je m’efforce de correspondre avec mes paroissiens mobilisés, et de les voir lors de leur venue en permission.
La maman et votre sœur sont en très bonne santé. Je les vois chaque dimanche. Comme sur le front, nous avons eu le froid et la neige. Le lundi de Pâques, il neigeait pendant la procession, et cependant « lou coucut canto » (**) et les hirondelles sont déjà arrivées.
J’ai appris avec une très vive peine les blessures de Monsieur l’abbé Estivals. J’ai fait prier pour lui et continue encore à demander au bon Dieu la guérison de notre cher Gabriel que j’affectionne beaucoup. Si j’avais son adresse, volontiers je lui écrirai.
J’applaudis ardemment aux valeureux succès des armées françaises et anglaises.
Nous pouvons, me semble-
I. Baumevieille.
(*) Le 19 février, à la St-
(**) « Le coucou chante » -
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Vers 8 h, je dis la Sainte Messe au P. S. même où je suis fort tranquille. Journée calme.
Le soir, je vais visiter le secteur de la compagnie par une belle nuit calme et un ciel étoilé. Mais tout à coup une rafale d’obus éclate sur le boyau 4, aussitôt je perçois des cris, il doit y avoir des blessés. J’emporte un brancard et prends immédiatement la direction d’où venaient les cris, après avoir fait prévenir mes camarades brancardiers. C’est un conducteur de mulets de la 1 ère C.M. qui est grièvement atteint. Trois mulets chargés de matériel sont étendus à terre, l’un d’eux râle encore. Nous transportons immédiatement le blessé au P.S. de Gers : il a 13 blessures dont 2 graves ; la vie ne paraît pas en danger immédiatement. Je ne lui administre pas les derniers sacrements, laissant ce soin à M. Dufeu aumônier du bataillon.
De retour à Netter, nous devons faire un 2 e voyage à Gers pour transporter un autre blessé ; il a été atteint lui aussi dans le boyau par le même obus : ce n’est pas grave. Le calme renaît, mais de temps à autre quelques obus sont tirés dans la même direction. A 1 h, on peut se coucher.
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Je ne puis dire aujourd’hui la Sainte Messe faute de vin ; j’en profite pour dormir jusqu’à 11 h. Bombardement réciproque dans la journée : 2 officiers d’une compagnie de mitrailleuses sont blessés à l’ouvrage Macker. Le soir, je vais faire un voyage au P.S.C. pour prendre un peu de vin pour ma messe demain.
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A 8 h Sainte Messe au P.C. du commandant de compagnie. Journée calme.
Retour à l'arrière.
La relève se fait vers 23 h dans les meilleures conditions de tranquillité. Mais que la route est longue et pénible ! On est mort de fatigue en arrivant et rien n’est fait pour qu’on puisse se reposer paisiblement ; d’abord les cantonnements sont dans un état de malpropreté repoussante, les couchettes sont éventrées, la paille infecte, les places manquent, d’où disputes. Comme on sent bien le manque d’organisation dans tout cela ! Je peux célébrer le Saint Sacrifice de la messe vers 4 h du matin.
Lettre d'Eugénie à son frère Ernest.
Toulouse le 15 avril 1917
Mon cher Frère,
Je vais profiter de la grande tranquillité de cette soirée de dimanche pour répondre à ton aimable lettre datée du 6 et que j’ai reçue vendredi 13 ; comme tu le vois, elle a mis du temps pour m’arriver. Dès que je l’ai eue, je l’ai fait partir à Marie et à Tante qui étaient dans la plus grande inquiétude à ton sujet. Toutes avons été heureuses de te savoir en bonne santé, quoiqu’en l’espace de 7 jours il aurait bien pu t'arriver malheur.
Que je te raconte un peu à présent toutes nos joies et peines depuis 15 jours que je ne t’ai écrit. Voilà que le mercredi de la semaine sainte, rentrant du Palais avec mes vacances jusqu’au 25 de ce mois, je trouve Louis ( Fournil ) arrivé à la maison, ce qui était bien tombé pour passer de bons jours de fête de Pâques. Comme je te l’avais dit, nous devions partir le lundi pour aller passer 8 jours ou 10 à Lézat. Louis arrivant a un peu dérangé nos projets. Nous sommes donc partis le Vendredi Saint au soir, ce qui m’ennuyait de voyager ce jour-
Enfin, comme tu le penses bien, nous avons été les bienvenus, gâtés, choyés pendant 4 grands jours, car il a fallu rentrer vendredi matin à la première heure, n’y ayant pas d’autre train venant de Toulouse avant le vendredi. Ah ! c’est pas commode de voyager en ces temps-
...
Louis est donc reparti vendredi, ayant été faire signer sa permission jeudi, il a pris un jour, n’ayant pu le faire en arrivant, car on les avait empêchés de sortir de la gare sans se faire signer. Il a donc eu part de ta lettre et me prie de te donner bien le bonjour en attendant de t’écrire lui-
Enfin j’ai vu avec plaisir que le moral était encore
De Marius, je n’ai rien reçu de lui depuis sa lettre du 27 ou 28, à laquelle j’avais répondu aussitôt en lui envoyant un petit billet de 5 frs. Serait-
... Aujourd’hui il fait un vent du nord qui pèle, avec de gros nuages noirs, qu’on dirait encore la neige, ce qui malheureusement n’est que trop réel pour certaines contrées, notamment à certains endroits du front. C’est tout de même lamentable à moitié avril, aussi la récolte ne sera pas fameuse si ça continue, et la cherté des vivres s’en ressentira un peu plus. Ici on avait taxé le prix des pommes de terre à 5 sous le kg, et aussitôt on les a vendues 7 sous, ce qui fait qu’on a été obligé de les détaxer, sans cela, même à haut prix, on n’en aurait plus trouvé à acheter. Enfin moi, j’ai profité de mon petit voyage à Lezat pour m’en acheter un bon sac qui ne me revienne qu’à 3 sous le kg, rendues ici et bien jolies. J’ai récolté aussi quelques litres de bons haricots, ce qui n’est pas à dédaigner puisqu’on les vend 30 sous le litre. Ça, c’est la fermière de mes beaux-
...
Cet après-
Allons, assez blagué, ma veillée est passée sans ennui en t'écrivant, différemment je l'aurais trouvée bien longue sans rien faire et, les petites dormant, toutes les trois t'embrassons bien tendrement.
Ta sœur Eugénie.
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Je suis réveillé en sursaut vers 8 h. Un sergent de la compagnie D….vient de se laisser tomber d’une auto en marche. Il a perdu connaissance, on le monte au P.S. en piteux état, cependant bientôt il reprend ses sens, sa chute ne sera pas grave. Puisse-
Cette alerte imprévue me met en état de nervosité qui touche à la mauvaise humeur. La journée est pourtant belle. Le soir à 6 h 30, réunion pieuse à la salle de réunion du camp qui nous sert de chapelle : bonne assistance fournie surtout par le bataillon du 81 e qui est au repos tout à côté de nous. M. l’abbé Tersy s’efforce surtout de pousser les hommes à l’accomplissement de leur devoir pascal.
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Rien de spécial à signaler. Le temps, beau hier, devient de nouveau désastreux : pluie et neige. Aussi notre camp redevient ce que je l’avais toujours vu jusqu’ici : un véritable bourbier.
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M. Dufeu se trouve indisposé : il ne peut même pas célébrer le Saint Sacrifice de la messe. J’espère pourtant que ce ne sera pas grave.
Visite le soir à M. l’abbé Chocqueel qui me donne des renseignements très intéressants sur la conduite, on ne peut plus admirable, de l’abbé Estivals dans l’affaire qui lui a valu une cruelle blessure. M. l’abbé Chocqueel m’apprend sa citation au corps d’armée. Je vais ensuite trouver le commandant Escarguel pour le prier de faire prévenir les hommes de son bataillon que le 81e célèbre vendredi matin un service pour les morts du 2e bataillon et de leur permettre d’y assister. Naturellement, il accède à mes désirs.
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Rien à noter. Temps toujours pluvieux et maussade. Préparatifs pour la journée de demain : répétition de chants, confessions pour la communion pascale de demain que beaucoup feront avant de remonter en ligne. C’est du reste dans le but de leur procurer toutes les facilités possibles que M. l’abbé Tersy a organisé ce service.
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A 8 h donc, messe solennelle des morts : assistance bonne, mais presque exclusivement formée par le 81e. En principe les hommes de mon bataillon étaient libres d’y assister, mais pratiquement chacune des 3 compagnies avaient des exercices divers fixés à cette heure-
Suite du récit : Mort-