Menu principal :
Retour à la page précédente.
-
Réveil tardif. Encore aujourd'hui, je suis privé des douceurs du St Sacrifice. Petit voyage dans les lignes. Je constate que tout est dans un ordre parfait. Le régiment que nous avons relevé (du VIe Corps) y montait la garde depuis 15 mois. Il y a fait du bon et du solide travail. C'est merveille de voir tout cela. Pas une seule fois il n'a eu à subir une attaque des Boches, aussi tout le monde est-
Je vais parcourir les 1 ères lignes pendant la journée : tout y est en très bon état et c'est une preuve qu'il n'y a eu guère de bombardements. Des abris nombreux, solides et confortables, permettent aux hommes qui y sont de faction de se reposer. Pendant le jour, d'ailleurs, deux hommes seulement par section sont aux créneaux. La nuit on double les guetteurs, de sorte qu'ils ont 2 heures de veille chaque 2 heures. Au fond, tout le monde est enchanté, et c'est vraiment un petit paradis à côté de ce que nous avions vu jusqu'ici.
Le soir, à la tombée de la nuit, je récite mon chapelet tout en me promenant dans les boyaux.
-
Je pars vers les 7 h pour me rendre au poste de secours situé à 7 ou 800 mètres des 1 ères lignes. C'est là que je vais célébrer la Ste-
J'ai le bonheur de faire descendre N.S., de rester en tête-
J'ai été écœuré de voir à une série de créneaux des dessins pornographiques que la main d'un guetteur (pas de notre régiment) avait tracés. J'ai cru bon de les faire disparaître pour que d'autres n'aient pas sous les yeux des sujets plus immédiats de tentation.
Journée très calme. Nous avons quelques livres au poste de secours. La journée se passe à les lire, et à faire quelques lettres.
-
Ste-
-
Rien de spécial à noter, sauf les bruits qui courent sur l'attaque boche contre Verdun. Ils sont contradictoires. D'après les uns, elle deviendrait désastreuse pour nous ; d'après d'autres, le succès boche n'aurait été acquis qu'au prix d'effroyables pertes qui les rendraient incapables d'aller plus loin. Il semble incontestable que les effectifs engagés par les Boches ont été considérables : 7 corps d'armée, dit-
Mais que s'est-
-
Je ne descends pas aujourd'hui au poste de secours du canal pour dire la Ste-
Journée assez calme, sauf quelques 77 qui nous arrivent avec, de temps à autre, des fléchettes et quelques bombes qui, fort heureusement, ne nous font aucun mal. Arrivée vers le soir d'un fonctionnaire médecin auxiliaire qui prend place à notre poste. Drôle de type ! ...
-
Ste-
Dans l'après-
Pas de nouvelles du côté de Verdun, les pessimistes se troublent.
-
Temps maussade et pluvieux. Ste-
Bombardement violent de notre côté : on veut sans doute empêcher les Boches d'enlever des troupes de par ici pour les transporter du côté de Verdun où ils sont en mauvaise posture. Sur ce point du front, leur offensive est non seulement enrayée, mais absolument manquée. Après avoir cédé 3 km de terrain et le fort de Douaumont, nos troupes se sont reprises aussitôt et, passant par-
Je suis ennuyé de ne pas recevoir de nouvelles de la famille, surtout de la maison où je sais que mon frère Marius se trouve souffrant. Je demande instamment à Dieu de lui rendre la santé au plus tôt.
-
Rien de spécial à noter. Quelques obus échangés pendant la journée. Je reçois de bonnes nouvelles de mon frère Marius qui, au bout de sa permission, a dû être hospitalisé à Rodez à cause d'un mauvais abcès qui s'est formé à la suite de sa piqûre parathyphoïdique. J'en rends grâce à Dieu, car je faisais bien du mauvais sang à son sujet, surtout à cause de notre chère Maman.
-
Ste-
-
C'est la 1 ère journée sanglante depuis que nous sommes en ligne. Un sergent de la 24 e est atteint d'une balle en pleine poitrine qui amène sa mort très rapidement. Je lui donne l'absolution et l'extrême-
-
Le matin vers 5 h 30, à la première lueur du jour, nous creusons la fosse, puis a lieu la sépulture (dans une bière). La cérémonie est simple, mais touchante : un piquet d'honneur présente les armes, tandis que nous descendons le cercueil dans la fosse. Alors je récite le "De profundis" et bénis la tombe. A 200 m à peine des Boches, cette cérémonie a quelque chose d'impressionnant. Le petit bois qui nous cache à la vue de l'ennemi abrite un petit groupe de tombes bien entretenues où dorment côte à côte des tirailleurs sénégalais, des sapeurs du génie, des fantassins et des coloniaux.
Une fois terminée la cérémonie, je vais en hâte dire ma messe au poste du canal. Journée pluvieuse et froide, partout beaucoup de boue. Nous recevons la visite de notre aumônier de brigade, le R.P. Chocqueel. Je vais le conduire jusqu'au secteur de gauche qui est celui de son régiment.
-
Comme chaque dimanche, je me réserve pour la messe "paroissiale" à 9 h 30. Le Commandant de la C nie, qui est dans notre secteur, veut bien prévenir ses hommes, par une note, qu'ils pourront assister à cette messe. A l'heure indiquée après la visite, notre "cagna" se remplit de "fidèles". L'abbé Tersy arrive malheureusement en retard, ce qui m'impatiente un peu à cause des hommes dont les minutes sont comptées.
Rien de spécial à noter pour le reste de la journée.
-
Ste-
Retour calme, mais à peine arrivés à notre poste, nous assistons de loin au bombardement du boyau que nous avons suivi, et même le lendemain nous apprenons qu'un soldat a été tué par un de ces obus.
A noter, pour la nuit précédente, un audacieux coup de main exécuté par les Boches dans le secteur de la ferme de Metz et qui leur a permis de nous faire quelques prisonniers sans être inquiétés : il est probable que tous nos soldats n'ont pas bien rempli leurs devoirs.
Dernière page du premier cahier de René Foulquier écrite le 4 janvier 1992.
-
Un lieutenant de la 22 e C nie, en rentrant de patrouille, est tué d'une balle à la poitrine à 1m50 de notre tranchée ; c'est encore un pénible accident dû, peut-
Rien de spécial à noter : la journée est ensoleillée, tiède, c'est magnifique ! Mais les journées sont longues, parce que les occupations manquent. Et le démon tentateur rôde autour des cœurs "tanquam leo rugiens, querens quem devoret"...Cette vie n'est certainement pas salutaire pour les âmes. Les hommes vivent un peu comme des sauvages ; ceux qui sont vraiment chrétiens songent au dimanche sans, du reste, pouvoir le sanctifier comme ils le voudraient, car quelques privilégiés seulement peuvent assister à la Ste Messe ce jour-
-
Rien de spécial à signaler. Le temps devient maussade : la neige se met à tomber assez fort. Les nouvelles de Verdun sont bonnes, mais point excellentes, et cependant combien nos cœurs voudraient voir l'échec de l'ennemi ! Mais nous ne songeons point à le demander à Dieu ! Visite de M. l'aumônier.
-
Rien à signaler. Ste Messe comme d'habitude au poste du canal malgré le mauvais temps et le mauvais état des boyaux, mais cette grande faveur que me fait NS de se laisser immoler par moi tous les matins au St Autel vaut bien les quelques sacrifices que je fais moi-
-
La 24 e C nie est remplacée depuis hier au soir par la 21 e, quant à nous, nous restons à notre poste. Je n'en suis pas fâché, car au moins cela me permet de célébrer la Ste Messe le dimanche pour quelques hommes et d'être prêt à donner les secours de mon ministère à ceux qui peuvent en avoir besoin.
Les Boches nous font aujourd'hui un arrosage en règle de belles marmites : elles éclatent ou du moins tombent tout autour de notre cagna ; elle en est ébranlée et les lumières s'éteignent ; cela dure bien une vingtaine de minutes. Le soir la séance reprend, mais les obus tombent surtout dans le boyau qui conduit aux premières lignes et blessent un caporal, c'est du reste le seul accident que nous valut ce bombardement. A cause de ce dernier et de crainte qu'il n'y eût d'autres accidents, je n'ai pas cru bon de descendre dire la Ste Messe. Le devoir professionnel doit passer avant tout.
-
Nous sommes plus heureux qu'hier : le calme est complet. Ste Messe au canal. Quelques démarches auprès des poilus et du Commandant de Compagnie pour la messe de demain. Rien de spécial à noter pour le restant du jour.
-
Ste Messe à 9 h 30. La cagna est remplie des plus fidèles. Deux communions "en viatique". Rien de spécial pour le restant de la journée qui ne se distingue en rien des autres extérieurement.
Lettre d’Ernest Olivié à Jean Antoine Estéveny le 12 mars 1916
Jean Antoine Estéveny est en convalescence en Aveyron après ses blessures de guerre du 27 septembre 1915. Idem pour Alphonse Bouby, blessé le 8 octobre 1915.
Ernest Olivié décrit le décor de la guerre sur les bords de l’Aisne, puis évoque les derniers faits d’armes dans le secteur. Pêches miraculeuses dans le canal. Des deux côtés du front, les soldats se sont organisés pour manger chaud dans les premières lignes.
Ce 12 mars 1916
+ Mon cher ami,
Le lendemain du jour où je t’envoyais, à tout hasard, une courte carte-
Et ce brave Bouby, va-
Entre temps, pour tous deux, l’hiver s’écoule et avec lui bien des horreurs que je connaîtrais pour ma part à présent : et cependant nous avons eu la bonne fortune de passer 2 mois de la mauvaise saison au repos. Mais nous n’avons rien perdu à attendre car le mois de mars semble vouloir nous apporter bien des frimas ; nous avons de la pluie assez souvent, de la neige de temps en temps ; le tout alternant avec des journées ensoleillées qui permettent aux avions de faire de terribles randonnées. Les boyaux de ce fait sont affreux, le terrain est par nature marneux et très marécageux : l’Aisne coule derrière nous ; ses eaux s’infiltrent dans toute la plaine ; à notre droite un canal de jonction dans lequel pullule du menu fretin ; l’été on pourra y faire quelque bonne partie de pêche, à moins que les Boches ne soient pas trop en colère ; car
quand ils se mettent à envoyer leurs rafales de 105, il ne fait pas trop bon par là ; quelques-
À propos, je lui ai donné ton adresse : il se préoccupait beaucoup d’avoir de tes nouvelles ; j’ai pu lui en donner de fraîches. Sa compagnie, la 21e est actuellement en ligne au secteur où je suis de service depuis 20 jours ; elle a remplacé la 24e après avoir pris 8 jours de repos. C’est ainsi que l’on va procéder je crois ; les Cies se relèveront entre elles : par conséquent elles n’iront au repos que tous les 25 jours. Quant à nous, les brancardiers, nous irons tous les 6 mois : nous ne sommes plus que 13, une équipe de 4 à chaque Cie qui est en ligne : plus 1 qui peut aller au repos tous les 25 jours : de cette façon-
Un de ces jours, on a capturé 2 Boches qui venaient rôder près de nos lignes et qui peut-
Au 5 e Bataillon, ils n’ont pas eu encore un seul tué ; c’est calme par conséquent.
Tu n’as jamais vu faire la cuisine en 1 re ligne : je le vois ici tous les jours : nos poilus mangent ainsi toujours chaud : sans regret les roulantes ! Les Boches en font autant de leur côté ; voilà pourquoi de ce côté-
Reçu bonnes nouvelles de Poujol, de Grialou ; Gleize me charge de ses meilleurs souvenirs …
Fraternelle accolade en N.S. Ton ami. Ernest.
-
Rien à signaler. Les nouvelles de Verdun sont toujours rassurantes pour nous. Dieu en soit béni !
-
Journée semblable à toutes les autres, calme et plate. Temps splendide, les oiseaux autour de nous, même sous les balles ou les obus, n'interrompent pas leur belle musique et appellent le printemps de toute la force de leurs poumons. Les coups de feu dirigés intentionnellement sur eux, quand ils ne les atteignent pas, ne les troublent point le moins du monde, tellement ils sont habitués à la mitraille. Ce sont de vrais poilus, de vieux briscards, nés peut-
-
Rien à signaler.
Suite du récit : Sur le front de l'Aisne #2