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Dimanche 6 et lundi 7 février 1916 -
Ste Messe pour le repos de l’âme de notre cher Papa. A 10 h je prends le train des permissionnaires à Damery. Affreux contraste ! Mes camarades volant vers leurs familles, savourant d’avance la satisfaction de vivre quelques jours heureux ;
et moi, je suis bien triste, je vais vivre des jours de douleur et de larmes ! Cette pensée me fait verser des pleurs que je m’efforce de contenir pour ne pas troubler la joie si légitime des camarades. Arrivée à Paris à 14 h. Deux heures de liberté. Visite à Notre Dame, voyage en métro et en train, mais peu de charmes pour moi, car toute cette vie exubérante, lascive, contraste par trop avec la tristesse de mon cœur blessé dans ses fibres les plus tendres. Départ à 16 h, voyage interminable jusqu’à Orléans. Je suis avide de connaître des détails intéressants sur la mort de notre cher Papa. A-
La lenteur du train m’exaspère. D’Orléans à Capdenac ça va plus vite. Arrivée à Capdenac à 12 h (le 7 février). Je ne vais point voir ma sœur Louise, pensant qu’elle doit se trouver à la maison.
Enfin à 15 h j’arrive à Auzits.
En un bond je suis à la maison où je trouve toute la famille, bien incomplète hélas ! récitant les grâces après le repas. Mon premier baiser pour ma pauvre maman : nos larmes se mêlent et notre gorge se resserre ; je ne la trouve pas cependant trop abattue. Le Bon Dieu lui a donné la force de supporter avec résignation l’affreux malheur qui l’a frappée. Ma tante ( il s'agit très probablement de la soeur de Jean-
Au moment où j’arrive à 15 h 30, plusieurs parents, entre autres ma tante, se disposent à repartir pour la gare pour prendre le train de 17 h. Mon arrivée détermine ma chère tante à retarder son départ jusqu’au lendemain au soir.
La chère Maman me donne des détails sur les derniers moments de notre cher Papa, cela m’intéresse vivement, malgré la tristesse que nous cause à tous ce récit. Le pauvre Papa s’est endormi sans une secousse, mais aussi sans aucune parole ; du moins il a pu recevoir à temps, avec toute sa lucidité d’esprit, les sacrements des mourants : confession et extrême-
Mardi 8 février 1916 -
Ste Messe à Testet pour le repos de l’âme de notre cher Papa : Maman, tante et ma sœur Marie y assistent. Journée pluvieuse, chute de neige. A 5 h du soir, départ de tante que je vais accompagner à la gare. Mon frère Baptiste regagne aussi l’école des chemins de fer dans la Seine-
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Ste Messe. Journée calme. Rien à signaler.
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Rien de spécial à noter. Nous recevons à 16 h une lettre de Marius et d’Eugénie ( Eugénie Fournil est une soeur d'Ernest ; elle habite à Toulouse; elle est la maman de Denise et d'Anne-
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Je descends à Capdenac pour attendre Marius et rassurer ma sœur Louise qui aurait pu se préoccuper de ne pas voir arriver Marie. Ste Messe à l’église de Capdenac. Malheureusement Marius n’arrive pas et je dois rentrer bredouille à la maison.
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Messe de communion à Glassac. Vêpres à Testet. Ma sœur Louise se prépare à partir. Nous attendons Marius qui n’arrive malheureusement pas. Nous en sommes peinés car Marie va s’en aller sans pouvoir le voir.
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Ste Messe à Testet. Vente de 2 taureaux à Decazeville. Marius arrive à 15 h. Je pourrai rester avec lui jusqu’à demain au soir. Nous nous racontons nos impressions de guerre.
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Ste Messe à laquelle vient assister Marius. Visite à Tols (maison de la famille de Baptiste). Marius se met à l’œuvre pour faire une croix pour la tombe de notre cher père ( Marius était menuisier ). Préparatifs de départ, triste séparation. Je suis heureux que Marius reste encore 8 jours après moi, parce que la situation de notre chère Maman est bien triste : se voir seule, après une si nombreuse famille, c’est bien pénible. Heureusement que
Clémence (mère de René Foulquier) va bientôt lui servir de compagne.
A 17 h, je quitte le pays. A 18 h, j’arrive à Capdenac où m’attendent Louise et Firmin ( Douziech, soeur et beau-
Départ à 13 h. Arrivée à Damery à 18 h 30. Je retrouve mon bataillon à Boursault. Rien de nouveau.
Suite du récit : Entrée au 6e Bataillon.