Menu principal :
Retour à la page précédente.
Retour au front, à la Butte de Souain.
-
Ste-
Revue à 15 h 30. Départ dans la soirée. Mais à 15 h, contrordre : on ne passe pas de revue, on doit même attendre un nouvel ordre pour le départ, mais on doit se tenir prêts. Joie générale. Nous espérons ne pas remonter dans notre secteur et aller au repos.
Mais à 17 h, changement de programme : il faut partir immédiatement, car on craint une nouvelle attaque boche. Déjà l’avant-
dans les abris souterrains. Dans une contre-
D’abord, route épouvantable, la boue est profonde, gluante et, du reste, la pluie ne cesse de tomber. Partout des convois embourbés, quelle horreur que tout cela ! La marche est lente, pénible, énervante. En plus de notre fourbi, nous portons un brancard sur nos épaules. C’est affreux ! Les boyaux sont éboulés, pleins de boue. On s’enfonce jusqu’aux genoux.
Au-
La nuit du 7 au 8 se passe à la Maison Forestière, dans de méchants abris. Journée triste. Nous sommes en alerte et nous nous attendons à partir d’un moment à l’autre. A 5 h du soir, en effet, nous partons pour aller relever le 81 e au secteur B (secteur de droite).
-
Journée calme. Une équipe de brancardiers se transporte chez le commandant. Point de blessés. Le soir, ravitaillement dans la boue, sous la pluie. Nous pataugeons 3 heures durant pour attendre le ravitaillement qui n’arrive pas. Seul le Decauville peut marcher : il arrivera demain matin. Je suis désigné pour faire partie de l’équipe qui va relever celle qui est déjà chez le commandant.
-
Matinée calme. Nous ne pourrons pas célébrer la Ste-
A 14 h, tir de démolition effectué sur les 1ères lignes boches. On fait évacuer nos 1ères lignes, pour éviter les accidents qui se sont produits nombreux ces temps-
Il pleut toujours et l’humidité nous pénètre. Soirée assez calme en dehors de tout cela. Je vais accompagner au poste de secours un blessé atteint par un éclat d’obus français. Nuit tranquille.
Samedi 11 décembre 1915 -
Toujours du mauvais temps : nos boyaux et nos tranchées s’éboulent. Les pauvres poilus n’ont plus un fil sec sur tout leur corps, c’est atroce. Encore deux tirs de démolition : un le matin, l’autre le soir.
Nos obus tombent même sur notre ligne de soutien : on ne comprend plus rien. Nous avons plusieurs victimes de nos obus. Par endroits, les tranchées sont complètement comblées par l’explosion de nos obus. Les Boches ont bien leur part, mais ils doivent bien rire de nous voir assommés par notre propre artillerie. Dans la tranchée, après le bombardement du soir, on retrouve ça et là des lambeaux d’habits de pauvres diables qui n’ont pas eu le temps d’évacuer et qui ont été réduits en morceaux, toujours par nos obus : c’est affreux, affreux ! Les hommes sont démoralisés. Aussi on parle d’attaquer, mais personne n’en est enthousiaste même notre commandant, qui doit répondre au colonel que le tir de notre artillerie a été très mauvais. Quelques blessés à conduire pendant la nuit.
Nos camarades restés au poste de secours viennent tous les jours prendre des cadavres, soit de nos soldats, soit surtout de ceux du 81e qui sont restés nombreux sur le terrain.
Nous ne dormons guère de la nuit car il y a beaucoup d’agitation : on distribue aux compagnies des bombes, des sacs de terre, des échelles d’assaut. Tout cela sent mauvais, disent les poilus !… On dit que le 122 e doit se joindre à nous le lendemain pour attaquer les Boches et reprendre la tranchée qu’a perdue le 81 e.
-
En effet, vers 4 h du matin, le 3 e Bataillon arrive, sous une pluie torrentielle. A la 12 e C nie, j’ai la joie de voir le sergent Bernard. Je passe quelques instants avec lui. De 9 h à 11 h, nouveau tir de bombes et d’obus pour bouleverser la tranchée boche, mais peu efficace et très mauvais pour nous, car un grand nombre de ces projectiles vient s’écraser sur nos lignes de soutien. Plusieurs soldats du 122 e sont à demi ensevelis, quelques-
L’heure de l’attaque est fixée à 19 h 45. Les 4 compagnies du 122 e, renforcées de 2 C nies du 6 e Bataillon du 322 e doivent la faire, appuyées par notre Bataillon et par 2 C nies du 96 e.
Pendant le tir, vers 17 h, un effroyable malheur nous frappe encore : une section de la 19 e C nie, réfugiée dans une mine pendant le bombardement, est à moitié anéantie par suite de l’effondrement d’une partie de cet abri, causé vraisemblablement par un de nos obus.
Je suis un des premiers à me porter au secours de ces malheureux dont la galerie est pleine. 2 ou 3 ne sont qu’affolés et sortent d’eux-
produite par le déplacement d’air a causé la mort de plusieurs soldats dans la partie qui n’est pas éboulée.
Nous laissons encore 7 cadavres, ce qui porte le nombre à 11 avec 3 autres que nous avons retirés. Un certain nombre se trouve encore sous les décombres de l’autre galerie, complètement fermée par l’éboulement.
En entrant là-
Je reconnais toutes ces figures qui ne donnent plus signe de vie, et que cela me cause de la peine !…
Il faut, malgré tout, songer à l’attaque qui va se déclencher tout à l’heure. A 20 h, elle commence en effet, menée avec peu d’enthousiasme. Deux compagnies du 122 e prennent pied dans une grande partie de notre ancienne 1 ère ligne où ils ne trouvent qu’à faire avec quelque poste d’écoute boche. Ils y arrivent presque sans pertes. Mais au bout de quelque temps, les Boches, d’une tranchée voisine, creusée en parallèle, les assomment à coups de grenades et de bombes. Résultat : beaucoup de blessés et plusieurs morts. Aussi, avant le jour, ordre est donné d’évacuer cette position : c’est ce qui est fait.
La tâche du 122 e étant terminée, il s’en revient avant le jour et tout rentre dans le calme. Nous n’avons ici que quelques petits blessés et un tué.
-
Journée assez calme. Nous l’employons à sortir les 7 cadavres de la galerie et à les transporter dans un boyau d’où nos camarades les enlèveront. Après ça nous sommes bien fatigués.
Vers 10 h, nous portons secours à 3 blessés qui ont été atteints par des bombes qu’une patrouille boche est venue nous lancer dans la ligne. L’un d’eux est gravement atteint au bras. Il y a fracture de l’humérus et rupture de l’artère. Un bon garrot arrête l’hémorragie, mais lui donne d’atroces souffrances que nous sommes impuissants à soulager. A peine pausés, nous devons aller en prendre un autre à la 17e. Un mort gît à côté de lui, il est encore chaud. Une dernière absolution et l’extrême-
Enfin bientôt notre blessé et le cadavre sont enlevés. Nous n’avons donc pas reposé une seconde pendant cette nuit.
A peine rentrés – comme je me disposais à prendre quelque chose – on nous appelle pour 2 autres blessés de la 20 e, atteints par balles à la tête ; l’un d’eux n’a plus de connaissance et râle affreusement. A l’un et à l’autre j’administre les derniers sacrements, puis des équipes de nos brancardiers les emportent.
Travaux continuels pendant toute la journée. A peine couchés, on nous appelle pour un malade de la 17e. Il est déjà mort à notre arrivée. C’est encore un compatriote (Estivals). ( Pierre Henri lt Estivals, né le 29/07/1877 à Cassagnes (12 )).
Son frère assiste à son dernier soupir, et quand j’arrive, on est en train de lui enlever les objets qu’il porte sur lui. Sa mort a été foudroyante. Aussi n’ai-
-
Lever assez matinal. Nous allons enlever encore quelques cadavres que des camarades emportent pour leur sépulture. Un Boche se trouve parmi eux, on l’a retiré de nos lignes.
Dans la matinée, aidé par un camarade, j’enlève d’un point dangereux du parapet, le cadavre d’un autre soldat du 81 e. Heureusement Dieu m’a gardé !
Tranquillité relative pendant la soirée. Je parcours la 1 ère ligne : tous nos chers poilus sont très fatigués, ils ne tiennent plus sur leurs jambes. Sept jours d’angoisse, de privations et de souffrances de toutes sortes les ont réduits en un état pitoyable. C’est bien triste.
Notre colonel qui, pour la première fois, est venu inspecter la ligne, n’a pas pu trouver un mot pour encourager ces pauvres diables ; il a seulement fait la réflexion qu’ils avaient la capote sale ainsi que les armes. Quelle insanité !
Les capotes, restées mouillées depuis le 1 er jour, sont gelées. Du fond de son abri, le colonel n’a pas pu se rendre compte que ses hommes souffraient. O stupidité humaine ! La vue de ces misérables mannequins de boue ne le touche pas par leur air malheureux ! Enfin on réconforte un peu leur courage en leur annonçant la relève pour ce soir. Cela n’empêche pas que 3 ou 4 soldats ont leurs pieds gelés, mais défense de leur laisser quitter la tranchée, les veilleurs étant en nombre insuffisant.
Dans l’après-
-
Quelques rayons de soleil viennent nous réchauffer un peu le cœur et aussi le corps, car le froid est sec : il a gelé fort. Toute la journée se passe à attendre la relève. A 14 h, on fait évacuer la tranchée pour exécuter un tir de démolition sur les lignes ennemies. Fort heureusement, il n’a pas lieu, car on aurait pu encore avoir du mal. A 16 h, je suis relevé et me rends au poste de secours d’où je suis envoyé au poste central pour porter du matériel. La relève se fait sans encombre, sans accident ni incident. C’est le 81 e qui nous remplace : peu d’enthousiasme chez eux, car ils ont bien souffert et ils redoutent l’attaque pour laquelle, peut-
Soupe à 21 h en passant aux cuisines. Nuit fraîche, marche pénible à cause de la fatigue. Longue suite de trainards. Arrivée à Somme-
-
Lever à 7 h. Douce joie à la pensée que je vais pouvoir célébrer le St Sacrifice après en avoir été privé pendant 9 jours ; et puis cette belle église, ce magnifique autel, tout cela excite la ferveur : après la misérable crèche, c'est le beau palais qui va recevoir par moi N.S. Souvenir pour les chers morts laissés là-
-
Rien à noter. Correspondance pendant la journée.
-
Ste-
-
Rien à signaler. On annonce notre départ au grand repos pour un de ces jours, mais aucune précision. D'aucuns redoutent de remonter aux tranchées ici même. Attendons les événements...
-
Temps pluvieux et froid. Dans l'après-
-
Ste-
-
Ste-
-
Tout s'annonce bon dans cette fête : chants préparés avec entrain. Près de 200 confessions dans la soirée. A la messe de minuit, église archicomble. Beaux chants. Belle illumination grâce à la générosité des poilus qui apportent de nombreux paquets de bougies.
Église de Dampierre-
-
Encore 3 messes dans la matinée. Assistance bonne, mais pas aussi nombreuse qu'à la messe de minuit. Une seule personne fait la Ste Communion parmi la population civile. C'est pitoyable ! Vêpres chantées avec entrain. En m'y rendant, j'apprends que je pars en permission ce soir.
Suite du récit : Première permission.