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Au front, environs de Perthes.
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Journée employée à s’installer dans notre nouveau domaine ; il faut creuser des abris. Bien entendu, impossible de dire la Ste-
L’explosion de grosses marmites, à proximité de notre bois, ne m’émeut pas trop. Mais, ce qui est énervant, c’est le tir de nos batteries de 75 ou de 105 qui sont à proximité de notre bois. L’acclimatation n’est pas encore faite. Le soir, on va creuser des boyaux à quelques centaines de mètres des Boches. Les grosses marmites nous envoient une pluie continuelle d’éclats. Le canon-
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Rien à noter pour la matinée en grande partie consacrée au repos. Dans l’après-
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Fête du Très St-
Vers 15 h, le bombardement de notre bois recommence et, cette fois, avec une intensité sans pareille : c’est épouvantable ! Dès le premier coup, 2 pauvres malheureux ont les jambes broyées. Tout vole en éclats : arbres, fusils, sacs. Tout le monde fuit, mais où aller pour être en sûreté ? C’est tout le bois qui est battu. Nos tranchées sont impuissantes à soutenir le choc de ces gros engins qui détruisent tout : aussi 5 ou 6 des nôtres
De ce nombre, un de mes amis : Rouquier ( Charlou) et 2 officiers. Le drapeau est lacéré par les éclats : c’est horrible ! On va se réfugier dans le bois voisin.
C’est là que, blotti dans une tranchée, j’invoque N.D. du St-
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Jusqu’à 12 h séjour dans ladite tranchée, sous une pluie fine mais pénétrante. Repas. Rien de spécial à faire. Le soleil vient nous réchauffer un peu de ses rayons. Avec Foucras, dévotions en plein air.
Note du webmestre : pour avoir une autre vision de la 2e Bataille de Champagne, lors des premières journées d'octobre 1915, on peut consulter le site du Chtimiste : les Courriers du Commandant Albert PETITJEAN SAINT-
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Arrivée dès la 1 re heure d’un renfort venant du Bataillon de marche ; vu quelques amis. J’ai le bonheur de dire la Ste-
Le reste de la journée, comme d’ordinaire. J’apprends ma nomination officielle aux fonctions de brancardier régimentaire.
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Ste-
Vers 11 h, ordre de départ. Nous nous mettons en route pour une destination incertaine, mais vers le front qui n’est pas tellement loin devant nous. Marche lente, et par conséquent pénible à travers d’interminables et sinueux boyaux. Nous traversons ainsi Perthes. Puis à découvert, mais en nous dissimulant le plus possible, car les obus pleuvent de toutes parts, et les ennemis observent. Nous arrivons à l’emplacement qu’occupe habituellement le régiment, quand il est en réserve. Il l’est encore cette fois-
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Nuit assez tranquille, quelques blessés seulement. Je reste au poste de secours, n’étant pas de service. Cela ne m’empêche pas d’aller rendre visite aux camarades du Bataillon en réserve tout à côté, mais on ne se sent guère en sécurité car les obus pleuvent de toutes parts.
L’après-
Le soir, chapelet avec Foucras et Ditte, après quoi je suis désigné pour aller avec mon équipe prendre la garde au Bataillon. Le canon fait encore des victimes et toute la vallée est semée de cadavres, c’est atroce ! Nuit assez calme, mais triste pour moi qui n’ai pas d’abri. Petite souffrance à offrir au Bon Dieu. Enfin le jour paraît.
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Vers 9 h, le régiment se porte en réserve à la gauche de Tahure, complètement débarrassé des Boches depuis 2 jours. Voyage très dangereux qui a coûté la vie à quelques-
Nombreux casques çà et là et interminables bandes de cartouches. Les amateurs de porte-
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Nuit affreuse sous une pluie incessante d'obus : au-
Mais dans la matinée, les marmites continuant à tomber de plus belle, font de nombreux blessés et plusieurs morts. Je fais mes premiers pansements et administre les derniers sacrements à 2 mourants.
Un 3 e, gravement blessé au côté, ne répond rien quand je lui déclare que je suis prêtre et à même, par conséquent, de lui prodiguer les soins que peut réclamer son âme. Sous la mitraille, je cours d'une tranchée à l'autre ; le Bon Dieu et la Ste Vierge veillent sur moi. Un soldat non blessé, mais touché par le danger et la grâce, veut se confesser : comme il n'est pas isolé des camarades, il n'est pas possible d'entendre l'accusation de ses fautes. Dans les conditions habituelles prévues par le St-
Le soir à la brume, nous allons transporter un de nos blessés au poste de secours et, de là, au poste de la division. En chemin, copieux arrosage de marmites ; nous sommes merveilleusement protégés. Retour vers 22 h ; nuit calme.
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Le bombardement recommence, mais pas aussi intense qu'hier. Visite aux amis. Recueillement et lecture pieuse, pour sanctifier mon dimanche un peu plus que les autres jours. Point de messe possible, point d'autel, ni assez de sécurité.
Bombardement épouvantable dans la soirée. Les Boches nous assomment de leurs marmites. Calme relatif vers le soir. Mais au retour de la corvée de ravitaillement, vers 9 h 30, une affreuse marmite jette sur le carreau 17 soldats dont 7 sont tués sur le coup. Un second obus fait encore une victime et plusieurs blessés. Travail incessant jusqu'à 3 h du matin pour enlever les cadavres et transporter les blessés. J'administre les derniers sacrements à un blessé, sur sa demande. Enterrement d'un soldat mort.
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Bombardement intense pendant la journée. Encore quelques blessés, peu cependant, relativement à la grande quantité de projectiles envoyés. Sépulture des victimes du bombardement de la veille. Attaque dans un secteur en face. Fusillade furieuse : on prend pied dans l'élément convoité. A minuit nous sommes relevés et allons prendre du repos en arrière.
Au front, à Perthes.
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Journée passée à Perthes, dans nos anciennes tranchées confinant avec celles que nous avons tantôt enlevées aux Boches. C'est un affreux cloaque, un labyrinthe inextricable de boyaux et de tranchées. Epouvantable trou de mine de plus de 80 m de diamètre sur autant de profondeur. Nous recevons quelques marmites : pas de blessé, sauf le soir où un obus, faisant exploser quelques caisses de poudre placées à l'entrée d'une mine, ensevelit 3 des nôtres. Nous couchons dans un boyau, sous la tente. Prière, chapelet.
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Journée toute de repos pour nous. Nous essayons en vain de dire la Ste-
Une lettre de mon frère Baptiste m'apprend sa blessure et son évacuation à Moutiers : ce n'est pas grave, j'en rends grâce à Dieu.
Notre chapelle nous arrive avec la voiture d'infirmerie, nous pourrons dire la Ste-
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Ste-
Reste de la journée calme ; pas de départ prévu pour aujourd'hui. Je reçois des nouvelles d'un peu partout. J'apprends avec grand peine la mort du saint abbé Gayraud de la cathédrale (de Rodez ) et de M. Cure curé de Combes : que les desseins de Dieu sont insondables ! Chapelet en famille.
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Ste-
Mais nous restons bel et bien ici, et la nuit se passe avec le calme habituel. Nous recevons quelques journaux : en voilà assez pour nous procurer une agréable veillée dans notre "cagna".
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Encore une journée de calme et d'indécision pour nous. Ayant renvoyé hier notre autel, nous sommes privés du T.S. Sacrifice à notre grand regret.
Les Boches ne nous bombardent plus. Nous l'attribuons à ce qu'on a amené près de nous une centaine de prisonniers boches, qu'on emploie à assainir l'affreux champ de bataille que les obus avaient bouleversé. C'est, paraît-
Mais il est intéressant de voir combien on s'est appliqué à leur dénaturer les événements de l'autre côté de la frontière. Pour eux, c'est nous qui leur avons déclaré la guerre.
Soirée comme à l'ordinaire.
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Nous souffrons plus particulièrement aujourd'hui d'être privés du St-
Suite du récit : Front de Champagne #2.