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Nous passons par Bourges, Nevers, le Creusot etc, etc... A Dijon vers 14 h 30. Le train pour Belfort ne part qu'à 3 h du lendemain matin. Nous devons attendre jusqu'à cette heure ; heureusement que je suis en compagnie du brave sergent Vayssettes. Ensemble, nous allons visiter un peu de Dijon qui est une belle et grande ville. Nous visitons surtout des églises, et assistons même au salut de la cathédrale, puis nous nous reposons à la cantine militaire jusqu'au lendemain matin.
À Rammersmatt.
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A Belfort vers 9 h 30. De là, il faut encore aller à une vingtaine ou 30 km, dans la direction de Thann. On emprunte un tramway électrique qui nous amène à l'heure au terminus qui est Sentheim. Là il y a un bataillon du 81e . Mon bataillon se trouve à Rammersmatt (au sud de Thann). Nous y arrivons vers 3 h. Aucun incident pour ma permission ; je n'étais pas sans crainte.
Village agréable, à mi-
Un bon vieux curé d'aspect très aimable est à la tête de la paroisse. Les gens ne sont pas d'ailleurs déplaisants, quoiqu'ils ne parlent pas notre langue. Leur patois alsacien est inintelligible.
Le soir à 6 h, exercice du mois du Rosaire. Belle petite église, orgues magnifiques.
En guise d'introduction dans cette nouvelle région où arrive le 96e R.I., nous vous invitons à regarder une petite galerie de belles photos publiées par le Ministère des Armées : cliquez ici.
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Sainte Messe vers 6 h 30. Pendant que les compagnies sont au travail, nous, les brancardiers, faisons le nettoyage des rues. Pour la première fois j'éprouve la douce satisfaction de commander mon équipe de brancardiers : tâche facile en raison de la bonne volonté et du bon esprit des camarades.
Une fois la tâche finie, j'ai toute facilité pour aller me recueillir soit à la cure, soit à la sacristie, soit même au P.S. où nous sommes bien installés. Il parait que c'est la mode à Rammersmatt de procurer un lit à tous les prêtres soldats ; mes deux confrères ont chacun le leur, on m'en offre aussi un à la cure : je ne crois pas devoir accepter pour ne pas déroger à mes vieilles habitudes que je crois bonnes de coucher toujours avec mes camarades. Dans l'après-
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Rien de spécial à signaler. Le temps reste toujours très beau. Je n'éprouve guère de cafard.
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Rien à noter.
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Toujours le même train de vie plutôt agréable : on ne se croirait pas en guerre. Cependant dans la direction de Thann, on entend des éclatements de bombes. Thann charmante petite ville qui comptait bien 8000 habitants avant la guerre, en a conservé à peu près la moitié. On y trouve encore de tout, quoique certains quartiers aient été plus ou moins détruits. L'église, ancienne collégiale, vraie petite cathédrale, est intacte, très belle. Les visiteurs n'y manquent pas. Les lignes n'en sont qu'à 3 ou 4 km.
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Grand-
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Rien de spécial à noter. Le temps est maussade : il n'influe pas sur notre moral parce que tout dans notre petit coin semble fait pour rendre notre vie agréable.
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Certains bruits concernant notre prochain changement circulent : on reviendrait plus en arrière pour passer le chantier à d'autres. De tout cela, on ne sait rien de précis. Nous attendons les événements avec le plus grand calme.
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Rien d'intéressant à noter. Je chante la grand-
Suivant sa bonne habitude, M. le Curé nous invite à aller boire un coup chez lui après les vêpres : on cause un brin ; il est très intéressant ce bon vieux curé, avec son parler un peu embarrassé, son accent alsacien prononcé, mais il parle très couramment notre langue. En 1870, il était au séminaire : il a donc été français avant nous ! Mais il est difficile de voir le fond de sa pensée.
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Nous menons notre petit train ordinaire de vie, mais de fâcheux incidents viennent en troubler quelques-
Le mercredi soir, coup de théâtre : on nous annonce que nous déménageons demain. C'est pourtant la fête de la Toussaint. Tout était préparé pour solenniser le plus possible cette grande fête. Vraisemblablement nous aurions eu plusieurs communions. Tout cela sera réduit à néant par la mauvaise volonté de ceux qui règlent nos mouvements. On croirait décidément qu'on le fait à dessein de nous faire déménager le dimanche ou les jours de fête. "Fiat voluntas tua" !
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Mes deux confrères célèbrent la sainte Messe avant de partir. Quant à moi, je me réserve pour la dire en arrivant à notre nouveau cantonnement.
Nous partons à 7 h ¼, le temps est splendide, la marche est aisée ; le paysage est magnifique autour de nous. Nous traversons Bourbach-
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M. l’abbé Jouanno célèbre cette grand-
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Rien à noter. On s’aménage dans les cantonnements ; corvées habituelles pour nous.
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Grand-
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Déjà on fait circuler des bruits de départ : on va retourner, paraît-
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Nous partons en effet demain matin. Notre bataillon ira à Bourbach-
À Bourbach-
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Sainte Messe à 5 h 30. Départ seulement à 7 h 15. Nous arrivons vers 11 h. La pluie tombe après notre arrivée.
Visite à M. le Curé, neveu de celui de Rammersmatt : accueil excellent, nous buvons ensemble un bon verre de Saint-
Son oncle de Rammersmatt, quoique beaucoup plus âgé, est d’ailleurs animé des mêmes sentiments. On le conçoit jusqu’à un certain point. Ils retiraient – du fait même qu’ils étaient sous la domination de l’Allemagne – des avantages que nous n’avons pas, nous : gros traitement, tranquillité absolue, tandis que nous … Mais au fond, ils semblent trop s’attacher par-
Cependant, je dois dire que ces deux prêtres, que je connais spécialement, semblent être d’une vertu et d’une piété exemplaires.
Nous avons donc notre réunion habituelle à 18 h 15. Assistance convenable.
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La journée se passe pour nous à aménager les cantonnements et à balayer les rues du village qui sont couvertes de boue. Rien de spécial à noter.
Les nouvelles d’Italie sont brèves et peu encourageantes. Il faut attendre les événements dans le calme et la confiance en Dieu.
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Messe à 6 h 30. Corvée le matin et douches l’après-
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Fixation des offices comme précédemment. M. le Curé nous invite à faire diacre et sous-
En Russie les affaires vont très mal : Kérensky renversé et le pouvoir aux mains des maximalistes.
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Messe militaire à 8 h 30, je la célèbre. M. Sahut veut bien venir nous faire une allocution à 9 h 15. Il vient de prêcher à 8 h 30 à Rammersmatt et va encore prêcher à 11 h à Roderen. Bien belle messe paroissiale, tout marche à la perfection dans ces cérémonies : à noter surtout la présence du suisse qui assure l’ordre avec une perfection absolue. De par des lois spéciales, il peut d’ailleurs punir ceux qui ne se tiennent pas bien, encore de la « bocherie » toute pure, une véritable « férule » qui s’exerce même à l’église. Autre point à noter : le Saint Sacrement étant exposé, personne ne s’assoit. Ils restent donc à genoux durant toute la messe, c’est très fatigant, mais personne ne bronche, c’est de l’ordre, de la discipline. Je ne crois pas que l’on puisse partout l’obtenir en France, même dans les meilleures paroisses.
A 11 h 30 déjeuner copieux et excellent au presbytère. Cuisine alsacienne, bien différente de la nôtre, mais délicieuse. M. le Curé fait les honneurs avec toute la grâce dont il est capable. Il a quelques difficultés pour s’exprimer, mais y arrive tout de même.
Vêpres à 14 h avec diacre et sous-
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Arrivée de canonniers marins, qui viennent se mettre en position à proximité du village. C’est bien ennuyeux, car on pourrait recevoir des obus destinés aux pièces. Un aumônier en soutane fait partie du groupe.
Carte postale d’Ernest à sa mère et sa sœur Clémence.
+ Ce 12 novembre 1917
Bien chère Maman, chère Clémence,
Deux mots seulement pour vous dire que je vais toujours pour le mieux : dans le petit village que vous voyez de là-
Je vous embrasse bien affectueusement. Ernest.
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Rien de spécial à noter. En Russie, Kerensky triomphe de nouveau. Je souhaite que son succès soit durable et efficace ! On ne peut guère y compter…
Bonne « causette » avec M. l’aumônier des canonniers. Le temps est beau. Avec le père Jouanno nous allons visiter Bourbach-
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Rien de saillant : journée ensoleillée. Le soir, voyage à Rammersmatt, visite à M. le Curé qui nous fait toujours l’accueil le plus aimable.
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Le bruit court déjà aujourd’hui samedi que nous partons demain matin et tout le monde de s’écrier : c’était certain puisque c’est dimanche ! … Heureusement que des ordres plus précis arrivent vers midi : nous ne monterons que lundi matin. Seul, le 2e bataillon monte en ligne demain.
Je vais tout de suite dans l’après-
on voit que le bombardement n’a jamais fait rage par-
(*) De nos jours, Burnhaupt est au bord de l’autoroute, entre Belfort et Mulhouse.
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Nos offices ont lieu comme à l’ordinaire. A notre messe militaire de 8 h 30, M. l’aumônier des canonniers marins nous adresse la parole ; très intéressant, il nous parle à propos de la dédicace des églises, de nos églises, de nos cérémonies, du culte que nous devons avoir pour tout ce qui a trait à notre Sainte religion. En passant, il donne quelques bons coups de griffe aux Boches qui eux n’ont pas respecté nos églises. Dans la soirée, préparatifs de départ. Nous allons assister aux vêpres de Rammersmatt où M. le curé nous reçoit très bien suivant son habitude.
Suite : Alsace #2.