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Séjour au Camp d'Auzeville-
et décès accidentel du beau-
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Le soir vers 19 h, relève : nous partons vers 20 h. Arrêt à Neuvilly, puis sans pause nous arrivons à Auzeville vers 23 h 15, bien fatigués par cette marche de 15 km dans la neige sur une route glissante ; heureusement que je n’avais pas mon sac à porter. Du reste on avait eu la bonne idée de faire venir une voiture pour emporter le sac d’un grand nombre de poilus, de sorte que tout le monde est arrivé sans laisser des traînards en arrière. Remplaçant le caporal infirmier, je m’installe au poste de secours où je passe une bonne nuit bien tranquille.
Mercredi 17 janvier 1917 -
Lever vers 7 h. A 8 h je dis la Sainte Messe à l’église avec M. Dufeux. Travaux divers dans la matinée. Douches l’après-
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Douches dans la matinée. Sainte Messe à 6 h 30.
Vers 11 h, j’apprends par une lettre de ma tante une bien triste nouvelle : la mort de mon beau-
vous nous aimez ! Donnez du moins la grâce et la force à la veuve si éprouvée, aux orphelins si jeunes, de supporter chrétiennement cette affreuse séparation.
Donnez à celui que vous avez voulu rappeler à vous le repos et la lumière éternelle !
Dire que mon pauvre frère Marius se trouve encore en permission dans des circonstances si pénibles ! Je ne puis moi-
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Je célèbre le Saint Sacrifice de la messe pour le repos de l’âme du regretté Firmin.
Dans la soirée, je reçois une lettre de Marius m’apportant quelques détails sur le triste événement qui me préoccupe. Notre cher défunt a été victime d’un accident : blessé à 11 h dimanche dernier, il a succombé le soir à 6 h muni des sacrements de l’église me dit Marius. Le corps sera transporté à Glassac suivant le désir de Louise et il sera enseveli à côté du pauvre papa, ainsi les deux veuves iront mêler leurs prières et leurs larmes sur ces deux tombes encore fraîches et se consoleront mutuellement. Quelle épreuve mon Dieu ! Quelle tristesse chez les deux petits orphelins qui ne verront plus rentrer leur papa aux heures où il était habituellement attendu ! Consolez-
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Temps toujours froid, couche de neige, ciel bas. Rien de spécial à noter pour la journée. M. l’abbé Chocqueel, aumônier du 122 e , organise les offices pour la journée de demain, je ne m’occupe de rien. A 10 h 30, enterrement d’un homme du village, auquel j’assiste.
Lettre de Clémence à son frère Ernest.
Labadie ce 21 janvier 1917.
Bien cher Ernest.
Quoique étant dans la tristesse, je ne veux pas laisser passer ce dimanche sans te faire savoir de nos nouvelles.
Tu dois sans doute en ce moment-
Et toi mon cher Ernest, ton tour de permission arrivera bientôt, comme tu nous dis. Depuis quelques jours il gèle très fort, les montagnes sont toutes couvertes de neige. Ici, elle a fondu, il fait le temps de brûler du bois avec ce grand froid. Il y a en ce moment beaucoup de gens grippés. L’influenza règne à peu près dans toutes les maisons. Nous n’y échapperons pas sans doute.
Je vais deux fois par semaine à Laplace. Il me faut faire les travaux les plus pénibles certainement, mais tant pis, je gagnerai quelques sous, tout est si horriblement cher.
Je ne t’en dis pas plus long mon cher Ernest, ne te fasse pas trop de mauvais sang, sois plein de courage pour supporter toutes ces épreuves. Nous prions bien tous les soirs avec Maman pour que Dieu hâte la délivrance. Souviens-
Clémence Olivié.
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Sainte Messe à 6 h 30 comme d’habitude, quelques communions ainsi qu’aux messes suivantes. A 9 h 30 grand-
Lettre de Marie à son frère Ernest.
Toulouse le 21 janvier 1917
Mon bien cher Ernest,
A l’heure où tu recevras ces lignes, tu auras appris la triste nouvelle qui, une fois encore, plonge notre famille dans un deuil cruel. Notre pauvre beau-
Voici ce qui se serait passé : dimanche Firmin était de service lorsque, vers les onze heures, il était sur un marchepied de wagon, lorsqu’on a mal aiguillé une machine qui est allée buter contre notre pauvre Firmin. Le choc a été si fort que le wagon a déraillé, prenant notre pauvre malheureux. Personne ne nous a encore dit comment on l’a relevé, mais on a couru chez le docteur qui n’y était pas, alors, voyant cela, on a mis une machine en marche et on l’a porté à Figeac.
Et la pauvre Louise qui ayant entendu le coup s’était mise à la fenêtre et a assisté à tout cela sans se douter que c’était son mari qui était la victime. Malgré cela, n’y tenant plus, elle se dirigeait de ce côté lorsqu’elle voit venir le sous-
Arrivée à l’hôpital, on lui dit qu’elle ne pouvait pas le voir, qu’on était en train de l’opérer, seulement quelques instants après, le major lui annonçait que, malgré les soins empressés, il n’avait pu le sauver. Tu penses un peu si notre pauvre sœur elle a été affolée, surtout qu’il paraît qu’il la demandait, ainsi que ses enfants, c’est ce qui lui fait le plus de peine.
J’ai demandé à la bonne sœur s’il s’était senti mourir, elle m’a dit que oui et qu’il avait reçu l’extrême-
Lorsque je suis arrivée à l’hôpital, que j’ai trouvé ma pauvre Louise près du corps de son mari, c’était rien de plus navrant. Il était étendu sur une table, heureusement que la pauvre petite n’était pas seule, ses amis ne l’ont pas abandonnée, elles étaient même venues de Capdenac, et je t’assure que cela n’a fait qu’une traînée de poudre, mais je crois que la moitié de la population le pleure, j’ai bien vu par là combien il était estimé, jusqu’à l’hôpital où tout le monde a été d’une gentillesse extraordinaire.
Quant à lui, le pauvre, on lui a rendu les honneurs par deux hommes d’équipe. Lorsqu’on l’a mis en bière, j’y restais seule avec les infirmiers chargés de cette corvée et M. le major qui,me dit-
La Compagnie avait délégué des employés, d’autres qui ont demandé à y assister, on a formé un train tout spécialement pour les porter à Figeac, ce qui fait qu’il y avait beaucoup de monde, et tout le monde lui a témoigné une grande sympathie, mais tout cela ne l’empêche pas d’être veuve. Elle est à plaindre la pauvre, maintenant qu’ils s’entendaient si bien, qu’ils auraient pu être heureux, il avait tant de peur d’avoir à partir, le pauvre, de quitter sa femme et ses enfants qu’il a dû souffrir de ne pas les voir avant de mourir. Il les aimait tant, et toute notre famille aussi, il était réellement bon et je le regrette vivement.
Louise a voulu le faire porter à Glassac. Il a été à côté de notre père, ils s’aimaient et ils sont unis jusque dans la tombe, mais je t’assure que lorsque j’ai vu cette tombe ouverte à côté de celle où il y a onze mois à peine nous déposions notre pauvre père, cela a été pénible. Et notre pauvre Marius, quelle permission a-
Je ne t’en dis pas plus long. J’espère dans quelques jours te voir et nous dirons toutes ces choses de vive voix, d’ailleurs mes idées se brouillent, je ne suis plus à moi, cela a fini de m’abrutir.
J’ai cru te faire plaisir de te donner tous ces détails, je ne sais ce que Marius t’a dit, mais voilà ce qui s’est passé.
En attendant le plaisir de te voir ou de te lire, je t’embrasse bien fort.
Marie.
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Sainte Messe à 6 h 30. Rien de spécial pour la journée. Passage de troupes à Auzeville, ce sont des régiments d’une division de réserve du 15 e Corps qui vont relever nos régiments. Les journées redeviennent ensoleillées mais il ne dégèle pas tout de même. La température reste basse.
Rien à noter pour les journées qui suivent jusqu’au jeudi 25 janvier.
Lettre de Baptiste à son frère Ernest.
Lundi 22 janvier 1917.
Bien cher frère,
Je réponds à ton aimable lettre qui m’a fait un grand plaisir de te savoir toujours en bonne santé, car avec le temps qu’il fait, ce n’est pas bien favorable d’être dehors. Enfin pour moi, quoique je traîne toujours dans l’ambulance, je suis en parfaite santé à présent, mais tout de même, j’ai été un rude maladroit de ne pas me faire porter malade plus tôt, car il y avait quelques jours que je traînais, et si j’étais venu plus tôt, je pourrais avoir une perme de 7 jours, mais tout de même il y a 10 jours que j’y suis et ma foi je ne perds pas espoir encore de l’avoir, si je reste encore une huitaine, ce qui pourrait bien arriver, j’ai une écorchure à un doigt qui, bien sûr, si je n’étais pas là, je ne serais pas reconnu, mais tu vois comment ça se trouve, c’est dur pour y rentrer, mais une fois que l’on y est, il faut peu pour y rester quelques jours de plus.
Enfin je ne suis pas trop fixé car il y a vite du changement que l’on ne peut pas prévoir mais dans tous les cas, vu le malheur qui vient encore de nous frapper, je ne pense pas qu’on me refuse mes trois jours de faveur.
Quant au pauvre Firmin, tu peux croire que ça m’a bouleversé moi aussi, et surtout que personne ne m’a dit comment il était mort, mais dans tous les cas, il n’est pas mort de maladie, puisque Marius me disait sur sa lettre qu’il a été blessé à 11 heures et est mort à 6 heures. Donc ce serait un accident qui lui serait arrivé … c’est tout de même bien triste.
Enfin, cher frère, je ne ferai pas de plus long discours pour aujourd’hui. Comme l’ambulance se trouve tout à fait à côté de notre cantonnement et que l’on est servi par la même poste, il n’y a rien à changer à l’adresse, c’est la même exactement. Reçois de ton frère les plus tendres baisers en attendant de nous revoir.
Baptiste.
Lettre de Gabriel Estivals à Ernest Olivié ( qui fait suite au décès du beau-
23 janvier
Mon bien cher ami,
Je viens de parcourir la touchante lettre que tu m’écris. Germaine m’a appris hier le grand malheur qui était survenu. Ce matin j’ai eu une prière spéciale pour lui au St Sacrifice.
En apprenant ce grand malheur, j’ai revu par la pensée ce jeune homme avec son épouse, radieux, tout à la joie de vivre, alors qu’ils venaient de s’unir pour toujours, et qu’ils étaient venus rendre visite à leur cher abbé du Séminaire. (Ernest)
Voilà cette union brisée. Ma sœur m’écrit combien ton beau-
Je réciterai le chapelet pour lui et m’unirai à toi dans le St Sacrifice pour prier Dieu pour lui. Offre mes condoléances à ta mère et à Louise.
Je te recommande à mon tour l’âme de mon oncle du Cayrou près Bournazel. C’est le 7e membre de cette grande famille qui disparaît de ce monde.
Nous serons à Roland Brassieux près Florimont du 25 au 31 janvier, de là 6 jours au Bois Noir, puis 6 jours à V…quois et de là peut-
Je t’embrasse et prie de croire à ma bien sincère amitié en N. S.
G. Estivals
Lettre de Marie à son frère Ernest.
Toulouse 23 janvier 1917
Mon cher Ernest,
Je m’empresse de répondre à ton aimable lettre du 18 que j’ai reçue cet après-
Puisque nous allons avoir le plaisir de te voir, elle te dira de vive voix tout ce qui se passe, car je pense que, comme moi, tu dois te dire que va-
Maintenant, mon cher, je vais répondre à ta lettre. Laisse-
Je ne t’en dis pas plus puisque j’espère avoir sous peu le plaisir de t’embrasser.
J’attends avec impatience des nouvelles de cette pauvre Louise, tu ne saurais croire combien il me tarde d’en avoir.
Je t’embrasse bien fort.
Marie.
Quelle heure que tu arrives, même de nuit, ne reste pas à la gare ; si tu vas chez Eugénie, tu n’as qu’à frapper, elle t’entendra.
Lettre de Marius à son frère Ernest (écrite au crayon)
Ce 24 janvier 1917
Cher frère,
Me voilà depuis lundi de retour à l’ambulance après une permission bien mouvementée. Elle avait trop bien commencé pour qu’elle finisse aussi bien. J’étais très heureux d’avoir vu tout mon monde, malheureusement il en a manqué un. Tu peux croire que ça a fait un vide.
J’ai passé la journée de samedi à Capdenac où j’ai scié du bois de feu pour la pauvre Louise. Je pense que bientôt tu pourras y passer quelque moment toi-
En rentrant j’ai trouvé les vieux qui viennent nous remplacer, ça fait toujours plaisir, quoique je m’y attendais. C’est bien plutôt leur place que la nôtre, mais je m’en serais bien passé. Je crois qu’on va y rester jusqu’au 30 pour les mettre au courant. Mais je suis en train de broyer du noir, rien à faire, les journées sont un peu longues. Tu pourras toujours m’écrire ici, les lettres suivront.
Je ne t’expliquerai plus grand chose sur la situation de chez nous. Sans ce terrible accident, tout irait pour le mieux. Tu iras t’en rendre compte toi-
A bientôt de tes nouvelles. Je t’embrasse tendrement. Marius
Lettre d’Eugénie à son frère Ernest
Toulouse ce 24 janvier 1917
Mon cher frère,
Ce soir j’ai reçu ta bonne lettre datée du 20, elle m’a fait le plus grand plaisir et surtout le plus grand bien, car je ne suis pas toujours inclinée à trouver, comme toi, que les desseins de Dieu soient parfois des plus justes. Je sais bien qu’il faut le croire ainsi, mais quand on voit rester tant de racaille et que les bons s’en vont, vois-
Je comprends fort bien le grand chagrin de Louise arrivant à cet hôpital et ne se trouvant qu’en face d’un cadavre. Oh ! combien alors elle a dû avoir de la peine, et un peu de remords aussi car elle l’a toujours méconnu et ce sera peut-
Nous serions bien heureuses toutes les trois de te voir, à moins que voyant Tante et Marie à Labadie, tu décides de ne pas venir. Cependant je t’assure que j’en aurais bien mal au cœur, à tel point que si tu ne devais pas venir, je ferais l’impossible pour aller moi-
Alors tu vois la suite. A Capdenac, trouvant tout le monde heureux de sa visite, et le lendemain recevant la triste nouvelle. Crois-
J’ai toujours de bonnes nouvelles de Louis, ils sont au repos, et ne savent pas de quel côté ils vont tourner.
Allons, ne me gronde pas trop de mon bavardage et surtout de mes bêtises. Je n’ai pas les idées si haut placées que toi en matière spirituelle, qu’il faut bien pardonner mes idées un peu scabreuses A ce sujet, je reviens vite heureusement.
Les fillettes s’unissent à moi pour t’embrasser bien tendrement.
Ta sœur Eugénie.
Lettre de Jean-
Mazamet, 24 janvier (1917)
Mon cher ami,
Je profite d’un après-
J’avais gémi de mon inaction forcée et prolongée … et voilà que tu t’adresses à toi-
Crois-
Si j’avais à recommencer ma vie, j’opterais aussitôt pour ta part que pour la mienne. Certes je conviens que la mienne est plus belle matériellement, plus intéressante. Mais si tu savais les occasions multiples qui nous sollicitent, sinon au mal, du moins au relâchement, c’est effrayant. Le milieu officier est très corrompu parce que les mauvais instincts non réfrénés sont toujours là, parce qu’on y a plus de loisirs, parce qu’on a suffisamment de ressources pécuniaires pour satisfaire la passion d’un jour. Mon Dieu, que l’humanité est laide et dégoûtante ! que l’empire du mal est étendu !
Je suis content d’avoir pu ainsi causer à cœur ouvert avec toi. Je ne prêche pas ; je t’expose seulement mes pensées habituelles – peut-
J’attends toujours qu’on fasse appel à mes services. J’ai autant de chances d’aller à Salonique que de retourner sur le front français. Ça m’est égal. Je crois bien qu’après les préparatifs formidables qu’on fait de part et d’autre, la campagne de printemps sera terrible sur notre front… Mais à la grâce de Dieu.
J’ai appris avec plaisir par Grialou que la lettre où je vous parlais de « As pla cagat » vous avait bien amusés. Tout ce qu’elle renfermait est authentique.
Au revoir, mon cher ami.
Persévérons à prier l’un pour l’autre et pour nos confrères… et demandons pour chacun de nous la force d’accepter toujours la volonté du Maître, si dure soit-
J. Estéveny.
Bouby vient d’être affecté à un bataillon de ton régiment comme aumônier bénévole. Tant mieux pour lui et pour nous.
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Même train habituel pour la journée. Vers 9 h du soir un incendie éclate dans le village : une grange et la maison attenante sont en quelques instants la proie des flammes. Dans la grange un certain nombre de permissionnaires étaient couchés : l’un d’eux est grièvement brûlé à une main, il vient se faire soigner à l’infirmerie. Malheureusement tous ne peuvent pas s’échapper, on ignore le nombre de ceux qui y ont péri.
Lettre de Léon Poujol à Ernest.
ARMEES D'ORIENT
L.Poujol Brigadier Infirmier 9 e d'Artillerie 4 e Batterie SP513
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Mon très cher
Ta lettre -
Huit jours après notre arrivée, nous avons pris la route de Monastir par étapes. Voyage de 6 jours pas trop fatigant parce que fait sur une route passable et par beau temps. Depuis le 30 X bre nous sommes bivouaqués dans la grande plaine macédonienne où se trouvent Fornia et Monastir. C'est une espèce de vaste cuvette, entourée de hauteurs, unie comme le crâne de Constantin et ... depuis 3 jours couverte de neige. Vers le début de janvier, le froid est venu et la neige ensuite. Nous n'avons pour tout abri que les tentes et pas de feu puisque à peu près pas de bois à 10 km à
la ronde. On s'est ingénié à fabriquer pourtant des poêles avec des boîtes à essence et c'est à côté de l'une d'elles, allumée pour la 1 ère fois, que je t'écris ces lignes. Pas d'illusions sur ces pays, mon cher ...
On est nourri à peu près comme en France mais on ne trouve rien à acheter. Jusqu'ici lettres et colis arrivent assez bien, avec retard voulu évidemment. Puis jamais de repos à l'arrière, pas de distractions, pas un tas de petites douceurs ....
Je parle en général maintenant, pas spécialement pour nous. Notre petit aumônier angevin assis à mes côtés chante le sonnet de du Bellay : Heureux qui comme Ulysse ... et plus que l'air marin la douceur angevine. Il n'est pas du tout content celui-
Nouvelles de l'ami Antonin. Approbation de tes diatribes contre nos embusqués. Rien de Privat ni de Bergonié.
Que penses-
Bon courage toujours en N.S. Tu peines encore plus que moi. Restons unis ainsi par le cœur, les tribulations dans son Grand Cœur.
Je t'embrasse bien fort. L.Poujol
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On découvre dans les décombres encore fumants les cadavres carbonisés de 5 malheureux, tous permissionnaires du 239 e d’Infanterie. Toujours même température.
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Rien de spécial.
Lettre de Louise à son frère Ernest.
Capdenac le 27 janvier
Tu dois trouver étrange que je ne t’aie pas répondu à ton aimable lettre qui est venue m’apporter un peu d’adoucissement à ma douleur, mais jusqu’à maintenant j’étais incapable d’écrire. J’avais été tellement frappée par ce terrible malheur dont je m’y attendais pas le moins du monde que je ne savais pas où j’avais la tête. J’ai passé quelques jours que je n’avais l’idée de rien, excepté du grand malheur qui était arrivé. Ah oui, cher frère, c’est terrible ça. Voir partir ce pauvre Firmin bien content, plein de santé, et puis à onze heures être tué, sans que j’aie eu la consolation de pouvoir le voir avant son dernier soupir, c’est trop triste. Je m’en consolerai jamais, j’ai que ça dans l’idée de n’avoir pu le voir, et il s’est fait attraper juste en face la maison. J’ai vu quand on l’a pris sur le brancard, mais j’ignorais que ce fût lui. Il a été tamponné entre 2 wagons, mais il n’est pas mort tout de suite. Le médecin d’ici n’y était pas et on l’a transporté tout de suite à Figeac.
Tout de suite qu’on m’a prévenue, je suis partie par un train de marchandises. Quand j’y suis arrivée, on n’a pas voulu me laisser rentrer, me disant qu’on était en train de l’opérer, mais penses-
La pauvre mère aussi est très affligée, car elle ne s’attendait pas à ce malheur non plus. Et les petits, ils m’en parlent tout le temps. Louis croit très bien qu’il est mort, mais Jean ne veut pas le croire, il dit qu’il est chez la mémé.
Enfin, cher Ernest, j’ai l’espoir qu’on te verra bientôt et que tu n’auras pas une si triste permission comme le pauvre Marius. Merci surtout des messes que tu dis pour le pauvre Firmin. Si tu as le bonheur de venir, on fera la neuvaine du pauvre Firmin en même temps que le prie Dieu du pauvre Papa, car tu dois bien savoir que je l’ai apporté à Glassac. On doit dire une messe le 30 et le 31 pour lui. Je tâcherai d’y aller si le temps est pas trop mauvais, ou sinon j’irai ici avec les petits. Puisque tu dois venir, on causera de mes affaires de vive voix.
Nous t’embrassons tous les trois bien tendrement.
Louise.
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Je chante la grand-
Lettre de Clémence à son frère Ernest.
Labadie ce 28 janvier 1917
Bien cher Ernest,
Je réponds à ta bonne lettre que nous avons reçue aujourd’hui, et qui nous a fait comme toujours le plus grand plaisir, d’avoir de tes nouvelles et de te savoir en bonne santé. J’espère bien que tu nous dis la vérité.
Notre santé ne va pas trop mal, Maman est bien un peu grippée, mais c’est toutes les maisons qui se plaignent de cette espèce d’influenza. Il faut
bien se tenir au chaud pour ne pas prendre une fluxion de poitrine, aussi je l’ai faite rester au lit une bonne partie d’aujourd’hui. Mais pour ça, ne te fasse pas de mauvais sang, ce ne sera rien, je l’espère.
Et toi, mon cher Ernest, tu nous dis que tu ne tarderas pas à venir en permission. Non, comme tu le dis, elle ne sera pas bien gaie. Le pauvre Marius ne l’a pas eue bien brillante aussi sa permission. Il n’est pas resté un jour entier ici.
Quant à la pauvre Louise, je m’étonne qu’elle ne t’ait pas écrit. Mais dans le grand malheur qu’elle vient d’avoir, elle ne se souvient pas d’écrire. Elle n’est pas venue ici, elle est venue accompagner le pauvre Firmin à sa dernière demeure à côté de notre cher et regretté père. C’est au cimetière de Glassac qu’ils dorment l’un à côté de l’autre. Depuis lors, elle n’est pas montée. Le petit Louis a les pieds gelés, il ne peut pas se chausser. Elle nous a écrit, nous disant que le petit Jean est inconsolable, qu’il ne faisait qu’appeler son père. Pauvre petit, ça vous fait mal au cœur de l’entendre.
Comme tu dois le savoir, la mort du pauvre Firmin a été occasionnée par un tamponnement. Il a vécu quelques heures dans sa pleine connaissance en demandant bien pardon à Dieu, et il a fait une sainte mort, a dit à Marie la religieuse qui le soignait. Mais quand la pauvre Louise y est arrivée, il avait quitté ce monde. Enfin, mon cher Ernest, que de tristesse qu’il faut supporter ! Pauvre Louise, il faut qu’elle se mette à présent au rang de beaucoup de jeunes veuves comme elle. Elle a été aussi une victime de l’affreuse guerre.
Marius a écrit aussi aujourd’hui, il nous dit avoir fait un bon voyage.
Excuse-
Adieu cher Ernest, reçois de nous deux nos plus tendres baisers.
Clémence Olivié.
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Départ vers 11 h. Première étape à 6 km d’ici à Ville-
Au Camp Davoust ( Bois de Nixéville ).
Le lendemain, messe à l’église du village. Je fais la rencontre d’un confrère ancien camarade de caserne, l’abbé Lapisse, du séminaire d’Albi, capitaine à une Cie de mitrailleurs du 342e. Sa compagnie a été faite prisonnière tout entière à la cote 304. Nous repartons vers 13 h de Ville-
Lettre de Tante Eugénie à Ernest.
Toulouse le 29 janvier 1917
Bien cher Ernest,
Je réponds sans tarder à ta lettre pour te donner mon avis sur ton passage à Toulouse.
Que Dieu veuille que rien ne vienne entraver nos projets et retarder ta permission !..
Eugénie te fait dire de ne pas te gêner pour aller frapper à sa porte de nuit ou de jour. Tu seras le bien venu à n'importe quelle heure. J'ai passé l'après-
Quel temps mauvais nous avons cet hiver, et combien ça doit ajouter à vos souffrances ! Quel malheur que cette guerre ! Enfin, bon courage et résignation. Espérons que nous nous reverrons sous peu. Je t'embrasse tendrement.
Ta tante Eugénie.
J'attends tes ordres pour faire d'autres expéditions de colis. Adieu.
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Vers 7 h, M. Dufeux et moi, nous nous rendons à Nixéville pour y dire la Sainte Messe. La journée se passe à flâner par un froid de 8 à 9° au-
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Rien de particulier. Il semble que nous devions rester ici encore longtemps, car nous sommes de réserve d’armée, aussi cherchons-
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Rien de spécial. Le froid reste toujours très rigoureux. Moins 18° durant la nuit, de –10 à –12 pendant le jour. La célébration du St Sacrifice devient très pénible à cause du froid aux mains.
*** FIN DU CARNET N° 9 ***
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Sainte Messe avec plusieurs communions : c’est que tout le régiment est là et dans les membres se trouvent de saintes âmes. On songe à organiser une grand-
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Déjà des bruits fâcheux circulent. On parle de départ pour demain. La chose se confirme vers le soir. Le départ est fixé au lendemain dimanche. Rien à faire pour notre messe, car on part à 10 h 30 et la soupe est mangée à 9 h. Je reçois une lettre de mon frère Baptiste m’invitant à me rendre en permission car lui-
Lettre de Tante Eugénie à Ernest.
Toulouse le 3 février 1917
Bien cher neveu,
J'ai reçu ta lettre avant-
Mais ce qui me préoccupe le plus en ce moment, tu peux le deviner, c'est de te savoir par un temps pareil dans ce mauvais coin où tu dois souffrir toutes sortes de maux. Je voudrais les partager pour qu'ils te soient moins rudes, mais, hélas, on ne peut que prier et c'est ce que je fais tous les jours, et je demande à Dieu de te donner la force de les supporter avec résignation ... Et la vie de ce monde est si triste que souvent je me demande comment on peut s'y attacher.
C'est bien fâcheux que ta permission soit retardée, car j'ai reçu hier au soir une lettre de Baptiste me disant partir pour chez lui, pour 7 jours de convalescence. Ça se serait trop bien rencontré. Soyons toujours soumis à la volonté de Dieu, espérons qu'il arrangera tout pour le mieux.
J'attends de tes nouvelles avec impatience, mais tu n'as peut-
J'espère que Louise t'a répondu. La pauvre, les premiers jours, elle n'avait pas le courage d'écrire, cela se comprend. Elle m'a répondu à moi hier ; il me tarde bien de la revoir.
Tes sœurs et nièces d'ici vont bien et t'envoient leurs meilleurs souvenirs, ainsi que les autres parents. Marius m'a écrit un mot du 28 janvier me disant être encore à l'ambulance pour 2 jours. C'est bien regrettable qu'il n'y reste pas.
Je ne t'enverrai pas de colis sans ordre. Adieu cher Ernest. Je t’embrasse tendrement. Ta tante Eugénie.
Dis-
Nous avons aussi un froid très intense ici et la neige ne fond pas vite. Mais pour moi, ce n'est pas grand chose. Adieu, je vais me mettre au lit, et vous autres vous êtes peut-
Suite du récit : premiers combats au Mort-